Alors que la colère du monde agricole persiste, le thème de l’agriculture peine à s’imposer dans la campagne des élections législatives anticipées. Quels sont les programmes des principaux partis en matière d’agriculture ? Voici un tour d’horizon.
Le programme de la coalition « Ensemble pour la République »
Gabriel Attal, représentant la coalition du centre et de la droite « Ensemble pour la République », a présenté leur programme ce 20 juin lors d’une conférence de presse. Étonnamment, aucun mot n’a été prononcé concernant l’agriculture, et ce malgré l’importance du sujet. Le silence de la coalition est d’autant plus marquant que le Parlement examinait un projet de loi d’orientation agricole avant la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, suspendant ainsi tous les travaux législatifs.
Le projet de loi, intitulé « pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture », contenait plusieurs mesures en faveur des agriculteurs. Il définissait l’agriculture comme un « intérêt général majeur » et prévoyait la création de guichets uniques « France Services Agriculture » pour aider à l’installation des jeunes agriculteurs. Le sort de ce projet de loi reste incertain en cas de victoire de la coalition.
Le programme du Rassemblement National
Jordan Bardella, candidat du Rassemblement National (RN), a également présenté son programme dans un entretien au Parisien. En visite dans une exploitation agricole dans le Loiret, Bardella a annoncé des mesures telles que le blocage des accords de libre-échange, l’instauration de prix garantis pour les agriculteurs, et une opposition ferme à l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne.
Contrairement aux « prix plancher » proposés par Marine Le Pen lors de la dernière présidentielle, Bardella défend des « prix garantis » fixés lors de négociations commerciales entre la grande distribution et les producteurs, avec une possible intervention de l’État en cas de désaccord. Le RN propose également de favoriser les producteurs français dans les marchés publics et de s’opposer à la stratégie européenne « De la Ferme à la Fourchette ».
Le programme du Nouveau Front Populaire
La coalition de gauche, le Nouveau Front Populaire, propose des mesures radicales pour l’agriculture. Parmi celles-ci, la mise en place de prix plancher pour garantir une rémunération minimale aux agriculteurs, financée par une taxe sur les « superprofits » des agro-industriels et de la grande distribution.
Leur programme « Pour une agriculture écologique et paysanne » inclut cinq mesures clés :
1. Annuler l’accord CETA entre le Canada et l’Union européenne.
2. Renoncer à l’accord du Mercosur et protéger les agriculteurs de la concurrence déloyale.
3. Interdire l’importation de produits agricoles ne respectant pas les normes françaises.
4. Lutter contre l’accaparement des terres et faciliter l’installation des agriculteurs.
5. Soutenir l’agriculture biologique et l’agroécologie, en aidant financièrement les exploitations à se convertir au bio et en garantissant un débouché pour les produits bio dans la restauration collective.
Les syndicats agricoles sans consigne de vote
Les trois principaux syndicats agricoles (FNSEA, Coordination rurale, et Confédération paysanne) n’ont pour l’instant donné aucune consigne de vote. La Confédération paysanne 87 a néanmoins appelé à ne pas voter pour le Rassemblement National, critiquant son programme comme non rupturiste avec le libéralisme. La Coordination rurale, se revendiquant « apolitique », a simplement réaffirmé ses positions dans une lettre adressée aux candidats.
Bien que les propositions diffèrent largement, l’agriculture reste un enjeu central pour les élections législatives de 2024. Les agriculteurs attendent des réponses concrètes et des actions fortes pour répondre à leurs préoccupations croissantes.