Alors que la campagne de fraises en France se termine, les derniers lots de Charlotte sont récoltés avant d’entrer dans une période creuse qui s’étendra sur les deux derniers mois de l’année. « C’est un marché de niche », explique Emeline Vanespen, Directrice de l’AOP Fraises et Framboises de France, précisant que ces volumes restreints trouvent encore preneur à l’approche de l’hiver. La concurrence est quasi inexistante à cette période : les fraises importées, en provenance du Maroc et d’Espagne, n’arriveront respectivement qu’en décembre et en janvier.
Le bilan de la saison 2024 s’avère globalement positif, bien que marqué par quelques tensions. « Les prix sont restés fermes tout au long de la campagne », indique à Freshplaza Emeline Vanespen, malgré des volumes de production sans pics significatifs. Un épisode particulièrement stressant a été la semaine du 15 avril, où un record de volume hebdomadaire de gariguettes a été atteint. Toutefois, la demande a répondu présente et les enseignes ont soutenu la filière. « Le mois de juin s’est écoulé sans crise conjoncturelle majeure », note Vanespen. De plus, les retards de production, également observés sur d’autres fruits d’été comme le melon ou les fruits à noyau, n’ont pas eu d’impact négatif sur les ventes.
Si la consommation a été au rendez-vous, avec un soutien fort des médias et des distributeurs pour promouvoir la fraise française, Emeline Vanespen tempère cependant l’enthousiasme : « La rémunération des producteurs repose sur trois facteurs : le prix, les rendements et les charges. » Bien que les prix aient été corrects cette année, les rendements, eux, n’ont pas été exceptionnels et les charges continuent d’augmenter.
Malgré ces défis, l’avenir s’annonce encourageant. « Certains producteurs augmenteront leurs surfaces de production l’an prochain, tandis que d’autres se lanceront dans la culture de la fraise pour la première fois », annonce Vanespen. Notamment, dans le Sud-Ouest, des agriculteurs spécialisés auparavant dans la production de canards ont choisi de se reconvertir vers cette culture. Si les prévisions de hausse de production pour 2025 semblent prometteuses, la Directrice de l’AOP espère que la demande et les prix se maintiendront au niveau requis pour assurer la pérennité de la filière.